Embouteillage au 41

04/02/2015 20:42

Miracle, tout s’est bien passé aujourd’hui ; je n’ai pas eu à subir la foudre d’Iva, vous savez, celle qui est spécialement missionnée par les services secrets canadiens pour me surveiller 24/24 !

Et pourtant, il s’en est fallu de peu, très peu même. Levés de bonne heure et de bonne humeur avec Alexandro, nous étions partis en avance, histoire de taper la causette avec les autres étudiants avant d’entamer la journée à 9 heures. Bon, je vous ai déjà dit que le bus, c’était “the finger in the nose”, un jeu d’enfant. Sauf, que je dois changer de bus deux fois durant le trajet. Je prends d’abord le 8 puis le 41 avant d’arriver dans le downtown en train. Bref, environ 40 minutes maximum pour rejoindre l’école, c’est raisonnable surtout quand tu pars une heure plus tôt. Descendus du bus 8, on se pose au carrefour 41 et là… ça se complique grave ! Non pas qu’il n’y ait plus de bus, bien au contraire, ils passent sans arrêt (ils s’arrêtent quand même), mais ils sont tout le temps “full” ! Un truc de fou… Le chauffeur stoppe pour nous dire qu’il est plein, comme si on ne le voyait pas au premier coup d’oeil. Des gens serrés… Tiens j’ai eu plusieurs fois une pensée pour Patrick Sébastien, il pourrait animer cette ligne et chanter “les Sardines”, mais c’est impossible de lever le bras et faire tourner les serviettes sans que le conducteur tape sur le bouton “stop emergency”. Je n’ai pas encore fait le tour de Vancouver, mais j’ai l’impression que cette ligne 41, au carrefour 41 est l’endroit à la mode ici. “The place to be” comme on dit sous peine d’être ringard. Je n’ai pourtant pas vu de paparazzis planqués derrière des panneaux publicitaires ou dans la soute à bagages. Pas croisé de stars hollywoodiennes non plus. Ce qui est drôle avec les Canadiens, c’est que l’embouteillage est dans le bus et pas sur la route. J’aurais dû m’en douter, avec un nom pareil, il y a toujours du monde. Patrick et Denise, si vous me lisez, bisous

Faut s’y faire…

Mais il faut surtout attendre un geste de tendresse du chauffeur. Un parmi les autres a vu ma tête aussi triste que les nuages qui déversaient leurs larmes, il a sans doute eu pitié et m’a fait monter avec Alexandro sur mon porte-bagages. Au fait, Alexandro mesure 1m 85 ! Collé contre la vitre au moment ou celui redémarre, j’ai pu admirer son look tout droit sorti du Dakota. Bandana sur la crâne, piercing, tatoo et short, il n’y a pas de quoi se moquer des agents SNCF. Le volant un peu trop près du ventre, à moins que ce ne soit le contraire, Mohican, c’est ce qu’il y avait inscrit sur sa carte professionnelle au-dessus de sa tête était à lui tout seul un soleil dans la grisaille. Il avait à mon sens déjà deux qualités : il conduisait vite (pour ne pas que l’on soit en retard) et il aimait les gens, c’était sur à la manière dont il arrangeait le coup à d’autres recalés du 41 ! J’ai adoré son sens du service, surtout que je n’avais pas décroché un seul mot. J’ai presque était déçu quand j’ai lu en tout petit que son vrai nom était John. Mohican, j’aime bien et pour moi, ce jour-là, il était le premier pour que je ne sois pas le dernier.

Merci Mohican, tu peux repartir enfourcher ta Harley avec tes potes, si tu empruntes la « long way 20 » entre Uzerche et Brive, arrête-toi au saloon, chez moi il y aura toujours une bière pour toi et du Rock n’Roll pour tes fans ! Pour tous ceux qui ont un animal de compagnie nommé  Mohican, merci de le débaptiser sur le champ : appelez le Prince, ce sera mieux…

- Hi Iva, how do you do ? annonçais-je fièrement en regardant ma montre.

- Hello François me fit-elle avec un large sourire qui me laissait croire qu’elle avait obtenu un jour de congé de la part des CSIS (Canadian Security Intelligence Service). 

Attendez... Mais oui, j’ys suis : voilà la confusion : CSIS vs CLSI, Iva a dû se tromper de maison. En fait elle n’est pas prof, elle doit penser qu’on est tous des anciens délinquants ; elle a dû se dire que j’étais sans doute un des plus dangereux vu mon grand âge et que j’étais un récidiviste. Son harcèlement serait donc une méprise ? ;) À part ça, j’ai fait la connaissance de mon dauphin, pas en anglais, mais en âge. Il a 42 ans et quatre enfants. Il est saoudien et réponds au beau prénom d’Othoman. La journée s’est bien passée, j’ai des « homework » à faire (que je n’ai pas fait), j’ai beaucoup parlé aussi. Ah, si j’ai aussi fait un « truc de ouf » comme dirait les « djeuns », on a effectué un exercice périlleux pour moi :j’avais un interlocuteur qui articulait les mots sans utiliser ses cordes vocales et je devais deviner ce qu’il me racontait. Une lecture labiale employée par les malentendants.

Décidément, ils ont vraiment décidé de me compliquer la tâche. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

 

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